Tout d'abord, je remercie Jean-Christophe Lagarde pour sa décision de demander l'avis des militants et des cadres de l'UDI lors du congrès du 20 mars 2016 pour décider de la participation ou non de l'UDI à la primaire de la Droite et du Centre.

Centriste par convictions, militant depuis la présidentielle de 2007, engagé lors de la fondation du MoDem en 2007, puis de l'UDI en 2013, j'ai naturellement eu, dans un premier temps, un mouvement de sympathie pour la démarche de la motion "UDI indépendante".

Mais à y réfléchir, de quelle indépendance parle-t-on? D'une indépendance qui va vite paraître pour politicienne aux français, car sans fondations idéologiques, et qui sera ressentie comme une ingratitude par nos partenaires républicains avec qui nous travaillons tous les jours sur le terrain et avec qui nous venons de faire alliance aux départementales et aux régionales? Que fera-t-on ensuite aux législatives qui suivent immédiatement les présidentielles? Nous leur réclamerons à nouveau une alliance de crainte de perdre notre groupe parlementaire? Ce serait alors refaire l'erreur de François Bayrou de rechercher l'indépendance politique avant l'indépendance dans les idées. Pour reprendre une expression populaire, c'est mettre les charrues avant les boeufs.

L'impasse dans laquelle se trouve le Centre aujourd'hui n'a fondamentalement qu'une seule cause, l'incapacité à proposer un projet de société alternatif, un peu par manque de travail sur le fond, mais surtout, par manque de conscience claire du rôle que notre famille politique doit jouer dans la société et que des millions de français attendent de nous. 

Sans être exhaustif, libéraux authentiques, nous devons être les défenseurs des entrepreneurs face à la bureaucratie et de l'économie réelle face à la spéculation; écologistes et progressistes, nous devons mettre l'économie collaborative au service de nouvelles formes de richesses et mettre la 3ème révolution industrielle au service des économies d'énergie; européens de toujours, nous devons proposer un avenir enthousiasmant et réaliste à l'Europe; défenseurs des générations futures et de l'intérêt général, nous devons bousculer les rentes de situation pour réduire les dépenses publiques sans casser les services publics, particulièrement dans les campagnes et les zones périurbaines, et sans provoquer d'effets récessifs sur l'économie; humanistes et démocrates, nous devons apaiser et rassembler la société autour de l'idéal républicain et défendre les libertés publiques, ...

Nous devons absolument retrouver une cohérence, une lisibilité et une créativité, et surtout, réapprendre à mener les combats qui incarnent ce projet de société. Ainsi, c'est notre rôle de s'opposer à Tafta, de proposer une alternative au RSI, de refuser l'empilement scandaleux de strates administratives pour le Grand Paris, de militer pour une police fédérale européenne, de soutenir le Plan Borloo pour apporter l'électricité partout en Afrique avec des énergies renouvelables, ... parmi tant d'autres combats à mener.

C'est donc d'abord pour que nous nous donnions enfin les moyens d'offrir une alternative crédible aux français que je présente cette motion "UDI alternative". Je veux aussi éviter à l'UDI les deux impasses que sont une "indépendance fictive" ou une "participation de principe", sans projet de société lisible et différentiant sur lequel s'appuyer. "Les idées d'abord" est donc notre slogan de ralliement. 

Nous sommes le premier parti centriste de France en nombre de militants et d'élus et en implantation sur le terrain. La France va mal et les français ont besoin de nous. Nous devons donc prendre nos responsabilités pour les présidentielles. C'est pourquoi, je vous propose une action en 2 temps: 

Premièrement, que nous, UDI, organisions en juin "un débat public sur le projet de société", ouvert aux citoyens partageant nos valeurs, au MoDem, aux libéraux du PLD, aux écologistes indépendants et aux mouvements citoyens. La grande famille des démocrates a besoin d'un débat de fond pour se ressourcer. 

Deuxièmement, que nous participions en novembre à la primaire de la Droite et du Centre pour porter ce projet de société centriste au devant des français.

Dans un monde idéal, il aurait été souhaitable d'organiser une primaire du Centre, des libéraux, des écologistes indépendants et des mouvements citoyens. Mais, à moins de prouver le contraire, nous n'en avons plus ni le temps ni les moyens. Soyons réalistes et constructifs. Notre vocation est de porter une alternative crédible, pas de se lancer dans une aventure à la Don Quichotte.

Construisons cette alternative en juin et portons la en novembre. Si elle convainc, nous gagnerons la primaire puis sûrement la présidentielle, tant François Hollande et Marine Lepen sont rejetés et les français espèrent le renouveau. Sinon, elle enrichira le débat démocratique, donnera une visibilité à notre projet de société et contribuera à la réussite de la primaire puis à la victoire collective du Centre et de la Droite. 

Le 20 mars, ensemble disons: "Les idées d'abord" et faisons le choix de l'avenir, le choix de l'UDI alternative!

Au nom des militants et des cadres dévoués de l'UDI et de la grande famille des démocrates qui soutiennent ces orientations,

Philippe Dervaux

fondateur de la motion "UDI alternative" pour le congrès du 20 mars 2016.

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