idée forte n°9 |
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image tirée de http://people.cohums.ohio-state.edu |
"L'ordre juste", la défense des libertés publiques et la rénovation du modèle français d'intégration. Ségolène Royal avait raison de revendiquer en 2007 "l'ordre juste". La société française n'a ni besoin de virage sécuritaire ni besoin de virage laxiste mais de plus de justice, de sérénité et de pragmatisme. Depuis plusieurs années, les faits divers, les problèmes d'intégration de quelques poignées d'individus et les problèmes sociétaux sont instrumentalisés pour véhiculer tantôt une idéologie sécuritaire ou hygiéniste, tantôt pour justifier encore de nouveaux reculs des libertés fondamentales, et très souvent pour opposer les français les uns aux autres.
Le mieux est l'ennemi du bien. Les postures morales affichées devant les médias cachent bien souvent des intérêts obscurs et justifient des approches partiales des problèmes de société qui aboutissent à des solutions dont les classes moyennes et populaires sont toujours les grandes perdantes. La France est malade du moralisme étouffant et de la pensée unique sectaire.
Ces idéologies hygiénistes et sécuritaires, mêlées aux progrès des techniques de flicage, au consumérisme envahissant et à la complexité juridique et administrative abusive, créent un cocktail de difficultés qui empoisonnent la vie de la majorité des citoyens, plus particulièrement des plus fragiles. Et ce cocktail délétère menace de plus en plus nos libertés publiques.
L'instrumentalisation des préjugés sur l'immigration participe de ce cocktail et abîme la cohésion sociale de notre pays. Il faut lutter contre la thèse du prétendu échec du modèle français d'intégration. Contrairement aux préjugés, les personnes issues de l'immigration sont dans leur immense majorité parfaitement intégrées. Sur ce sujet, il faut une approche neuve et décomplexée des réalités, et des solutions fortes qui cassent autant avec les fantasmes de la Droite qu' avec les fausses pudeurs de la Gauche. Le respect pour tous, plutôt que l'instrumentalisation de ce sujet sensible pour opposer les français les uns aux autres, voilà la solution. |
Sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres, aucune force politique ne tient un langage de vérité. La Droite dure et le Front National parlent "d'échec du modèle français d'intégration", alors que dans l'immense majorité des cas l'intégration est parfaitement réussie. La Gauche socialiste et l'extrême gauche présentent "les immigrés" comme des victimes, alors que la France est l'un des pays les plus généreux au monde.
Il y a dans la vie politique française un sujet tabou qui alimente tous les fantasmes sur lesquels le FN surfe: le taux de délinquance particulièrement élevé chez les enfants ou petits enfants d'immigrés. Plutôt que de l'aborder en face, on préfère rester dans le non-dit et donc dans l'impuissance collective. Voilà pourquoi je suis pour autoriser les statistiques ethniques. La Gauche minimise le problème et tente d'y apporter des explications "sociétales", comme si les délinquants n'étaient pas responsables de leurs actes mais "victimes" de leur contexte social ou "prédestiné" par leur contexte culturel. La Droite généralise le problème à l'ensemble des immigrés en oubliant que ces jeunes délinquants sont quasiment tous français nés en France et que l''immense majorité des habitants des quartiers dit "sensibles" sont parfaitement respectueux de lois françaises et ne posent aucun problème d'intégration. Ni la droite ni la gauche n'osent dénoncer les 3 principales causes de ce problème qui sont le manque d'autorité dans l'Education Nationale, le manque d'accessibilité de notre système socio économique particulièrement pour les jeunes des classes moyennes et populaires et plus particulièrement encore pour ceux dont le nom est de consonance étrangère et le manque d'un parcours balisé et respectueux des personnes pour l'acquisition de la nationalité française.
Le manque d'autorité dans l'Education Nationale:
Sous prétexte de respect de l'ordonnance de 1945, notre impuissance ne rend pas service aux enfants. Bien des enfants ne tourneraient pas mal si on pouvait dès le début les recadrer. Pour cela, il faut pouvoir mettre chaque enfant délinquant dans une école disciplinaire pendant un temps adapté à son délit dès que nécessaire. Ses écoles devraient être des pensionnats avec des règles strictes (pas de portables ni de jeux vidéos ni de télés, gifles autorisées, lever 6 h du matin). En revanche, on doit éviter autant que possible l'envoie en prison de mineurs, et les séjours en écoles disciplinaires ne devraient pas être mentionné sur le casier judiciaire. On a tous fait des "conneries" en étant jeune. Un enfant doit avoir une seconde, voire une troisième ou une quatrième chance. On doit le "redresser" immédiatement, mais pas pas le "briser" ni le "marquer au fer rouge", et l'empêcher ainsi de réussir plus tard. L'école disciplinaire est la seule solution efficace pour lutter contre un maux qui gangrène notre système scolaire, "le racket à l'école". Des dizaines de milliers de collégiens et de lycéens vivent au quotidien dans la terreur de certains de leurs camarades. Beaucoup de brillants élèves arrêtent leurs études pour cette raison. Notre système éducatif ferme les yeux car il est impuissant. Les directeurs d'écoles ont en théorie un pouvoir de discipline. Mais quels sont leurs recours face à un élève délinquant? Le changer d'école pour qu'il fasse la même chose ailleurs? Les délinquants le savent et en abusent. C'est pourquoi, il faudrait que le directeur d'école puisse venir en appuie de l'enseignant en difficulté ou de l'élève racketté, en sanctionnant le délinquant d'un séjour plus ou moins long en école disciplinaire. De même, les séjours en école disciplinaire, devrait devenir la principale réponse des tribunaux pour mineurs à la délinquance commise hors de l'école. Contrairement aux préjugés, les familles issues de l'immigration sont demandeuses de cette autorité pour mettre fin aux méfaits d'une petite minorité qui donne une mauvaise image de la majorité.
Une politique d'accessibilité des classes moyennes et populaires au système socio-économique:
Les jeunes qui ne bénéficient pas d'un réseau, qui n'ont pas fait d'études supérieures ou qui ne sont pas extraordinairement doués ont toutes les peines du monde à entrer dans la vie active. Soit on leur demande une expérience qu'ils ne peuvent avoir au premier emploi, soit on leur propose des stages ou des formations qui débouchent rarement sur un vrai emploi, soit on leur propose des petits jobs mal payés et sans perspectives d'évolution. Le système social qui est protecteur pour le CDI déjà installé dissuade les employeurs de prendre le risque d'embaucher un jeune. Le système administratif par sa lourdeur et par sa complexité tue dans l'oeuf les initiatives de tous ceux qui aimeraient monter leur petite affaire mais n'ont pas le soutien d'une famille friquée. ... La société française est de plus en plus bloquée. La première marche, qui permet aux moins favorisés d'accéder à l'emploi, est de plus en plus réduite. Certes les contrats aidés existent et sont utiles, mais ils ne suffisent pas, d'autant qu'ils sont une forme d'économie subventionnée et coûteuse pour les finances publiques. Les solutions pérennes seraient le développement de l'apprentissage, la revalorisation des métiers manuels, la restitution des avantages fiscaux sur le CESU, le statut d'auto entrepreneur et les heures sup, le développement du micro-crédit, ... et l'embauche d'inspecteurs du permis de conduire pour le rendre moins cher et plus rapide à obtenir!
Quant aux jeunes dont le nom a une consonance africaine ou arabe, ils sont encore largement victimes de discrimination à l'embauche et au logement. La solution est de multiplier les opérations de "testing" qui seules sont efficaces pour faire reculer ces discriminations.
Enfin, il faudrait faire enfin le choix d'une politique du logement cohérente et massive visant à faire baisser les prix à la location et à l'achat. Cette politique est possible mais elle demande de faire un arbitrage clair au profit des jeunes et au détriment de la valorisation du patrimoine immobilier.
Pour un parcours balisé d'accession à la nationalité française:
Pour ce qui est de l'accueil des immigrés, on fait tout et n'importe quoi. On est incroyablement irrespectueux envers des immigrés qui finiront tous par devenir français et à qui on demande de s'intégrer. Il faut comprendre que l'arrivée dans un nouveau pays est toujours difficile pour une personne, même si elle a les meilleures intentions du monde. On n'a pas le droit de demander à un immigré de renier sa nationalité d'origine. C'est normal qu'il y reste attaché toute sa vie et cela ne constitue pas en soi un obstacle à son intégration. On n'a pas non plus à faire subir un véritable parcours du combattant à chaque immigré. Pourquoi multiplier les "récépissés de demandes de cartes de séjour" de trois mois et parfois même d'un mois? Il faut simplifier le parcours administratif, limiter les situations humiliantes et l'arbitraire dans le traitement des dossiers et baliser le parcours pour obtenir la nationalité française. Le respect entraîne le respect. Le respect de part et d'autre est la condition de la bonne intégration. Inversement, la France a trop de pudeur à se faire respecter. Ne pas imposer à l'immigré de monter des signes tangibles d'attachement à la France est une faiblesse coupable. Il faut se respecter soi-même pour se faire respecter. Il faut aussi savoir se faire respecter pour être respecté. Je ne détaillerai pas ici ma vie, mais je peux dire que sur ce sujet, je sais de quoi je parle. Droite et Gauche ont complètement tord sur ce sujet. Il faut remettre les choses en place et voir la réalité en face dans toute sa complexité. C'est le rôle d'un Centre fort de faire une politique dont le maître mot doit être le respect, dans tous les sens du terme, et pour toutes les parties concernées.
Plutôt que des longs discours, voici quelques propositions qui changeraient complètement notre approche du sujet:
Mes propositions sur l'immigration:
- Des flux migratoires régulés en fonction des capacités d'accueil de la France. Favoriser les mariages mixtes sur les mariages endogames. Privilégier l'immigration venant de pays francophones sur celle venant des pays non francophones. Le flux adapté à la situation actuelle devrait être de 150 000 personnes par an environ. La reconnaissance également que l'immigration est une nécessité économique, et qu'elle est un devoir humain qui est imposé d'ailleurs par les conventions internationales que la France a signées.
- La création d'un statut de résident permanent, permettant à des personnes ne souhaitant pas ou ne pouvant pas devenir françaises, de faire des allers retours pour des raisons professionnelles ou familiales, et de pouvoir retourner dans leur pays d'origine pendant plusieurs années sans craindre de ne plus jamais pouvoir revenir en France.
- Un parcours balisé pour l'acquisition de la nationalité française. Il faut mettre fin à ce jeu malsain du chat et de la souris, et de ces exigences laissées à l'arbitraire du fonctionnaire traitant le dossier. Les conditions d'obtention de la nationalité française doivent être égalitaires, connues de tous, et être l'aboutissement d'un parcours bien balisé. La nationalité française, ça se mérite. Et celui ou celle qui l'obtient doit être honoré(e) et accueilli(e) par la communauté nationale.
- L'accueil systématique de chaque immigré par le Maire, ou lors d'une cérémonie collective en Mairie dans les grandes villes.
- Un service militaire obligatoire de 3 mois dans les services logistiques de l'armée, comme condition à la remise de la première carte de séjour.
- Un accueil respectueux dans les préfectures et dans les services administratifs destinés aux immigrés.
- La possibilité pour chaque immigré d'acquérir la nationalité française tout en gardant sa nationalité d'origine, si les conventions internationales le permettent. Par contre, l'impossibilité pour les enfants d'immigrés d'avoir deux nationalités.
- Un véritable procès équitable et contradictoire devant le tribunal pour toute décision d'expulsion du territoire. La fin des objectifs en matière d'expulsions.
- L'aide à l'Italie et à l'Espagne pour garder les frontières de l'Europe. Des accords avec la Russie et la Turquie.
Mes propositions sur l'intégration:
- L'arrêt du discours sur le prétendu "échec du modèle français" d'intégration. La reconnaissance que ce modèle a parfaitement fonctionné dans la majorité des cas, et qu'il est bien préférable au modèle anglo-saxon.
- La reconnaissance du problème de la délinquance juvénile des enfants ou petits enfants d'immigrés, et son traitement au moyen de l'envoie du jeune délinquant en "écoles disciplinaires" pour un séjour plus ou moins long. Eviter les deux écueils de la politique actuelle: l'impuissance et le recours à la prison.
- L'arrêt du discours victimaire en faveur des "immigrés", qui sont en réalité des enfants ou des petits enfants d'immigrés, et sont donc de nationalité française dans l'immense majorité des cas. Les discriminations rencontrées parfois ne doivent pas être instrumentalisées pour nourrir un discours victimaire qui excuse toutes les dérives. De plus, comparé à la majorité des autres pays, la France est un pays généreux.
- La nationalité française accordée dès la naissance pour tout enfant né en France de parents immigrés. Hormis pour les enfants d'expatriés de pays étrangers ou pour les enfants de diplomates, il est inutile et nuisible de ne pas accorder dès la naissance une nationalité qu'on accordera automatiquement de toute façon à 13 ans. A quoi sert-il d'élever des enfants en leur disant qu'ils sont étrangers pendant toute leur jeunesse, alors qu'on les fera automatiquement français à leur majorité?
- La valorisation des très nombreux cas de réussites sociales, plutôt que de "la mise en scène" permanente de clichés misérabilistes.
- La reconnaissance et le respect des grandes traditions religieuses par l'état français, et la fin de la sur enchère de revendications communautaires. Concrètement, les cantines scolaires doivent respecter les principaux interdits alimentaires des grandes traditions religieuses, à savoir de proposer un plat sans porc, de ne pas mélanger viandes et produits laitiers, et de remplacer la viande par le poisson le vendredi. Mis à part ces trois règles, elles ne doivent en accepter aucunes autres à caractère confessionnel. Il faut mettre fin à cette stupide "guerre des cantines scolaires". On doit concilier le respect mutuel, qui passe par la reconnaissance de l'interdit alimentaire principal de chacune des principales communautés composant la France, et le respect de la laïcité, qui passe par le refus de toute sur enchère communautaire et religieuse. Il faut, sur ce sujet comme dans bien d'autres, établir un cadre stable que personne ne peut remettre en cause. C'est le rôle du Centre de le faire.
- La possibilité pour une entreprise privée de refuser le port d'un signe religieux par un salarié. Actuellement seuls les salariés de la fonction publique sont soumis à un devoir de neutralité au nom de la laïcité. La loi devrait rendre ce devoir de neutralité applicable dans une entreprise privée sur simple mention dans son règlement intérieur.